Vous êtes designer joaillerie ou rêvez de le devenir ? Trouver son style, affirmer sa singularité, savoir innover et se réinventer au fil des collections… Le métier de designer exige autant de passion que de persévérance.
Sortir de l’école pour s’insérer dans le monde professionnel, intégrer un nouveau studio de création, se lancer en free-lance… Dans une carrière de designer, nombreux sont les moments où l’on se confronte à de nouveaux challenges. Une multitude d’interrogations fait alors son apparition : Comment gérer son portfolio ? Pourquoi faut-il se démarquer sur les réseaux sociaux ? Comment améliorer sa créativité et intégrer les tendances du marché ? Suis-je prêt.e à vivre au rythme d’un studio de création ? Comment se lancer en free-lance ?
Parce que c’est aussi à travers ces questionnement que se forge l’ADN d’un designer, se nourrir du parcours et de l’expérience de ceux qui ont réussi à se faire une place au soleil dans cette industrie est toujours utile.
Christoper Lopes, David Roux-Fouillet, Enzo Melchiorre ou encore Katerina Perez révèlent leurs précieux conseils pour débuter et gérer sereinement sa carrière.
Comment gérer son portfolio ?
Comment dois-je présenter mon travail ? Comment je me positionne en tant que designer ? Que dois-je mettre dans mon portfolio? Toutes ces questions, les designers s’y confrontent inévitablement avant de lancer leur carrière. Dès la deuxième année d’étude, pour solliciter un stage par exemple, se constituer un portfolio est un exercice auquel les jeunes talents sont initiés. Pour David Roux-Fouillet, designer et enseignant à la HEAD, constituer un portfolio efficace, c’est d’abord être capable de comprendre ce qui fait sa singularité. Affirmer son identité se fera alors de manière beaucoup plus spontanée et assurée.
Cependant, adapter son portfolio à l’entreprise ou à la marque que l’on convoite peut aussi être une stratégie gagnante. Pour être plus pertinent, Enzo Melchiorre, designer joaillerie chez Doce & Gabbana, reconnaît qu’il a parfois renoncé à montrer certains de ses travaux à de grandes maisons. Ne pas faire l’erreur de « vouloir tout montrer » est toujours salvateur.
Pour Christopher Lopes, designer indépendant dont le talent et la créativité a séduit des maisons mythiques comme Piaget ou Tiffany & Co, le discours est similaire. Lui, qui n’aime jamais dévoiler « tout ce qu’il sait faire » lorsqu’il présente son travail, limite son portfolio à 10 ou 15 pages. Susciter la curiosité et donner envie de découvrir son l’univers, c’est l’état d’esprit avec lequel Christopher Lopes gère son portfolio. Penser à renouveler son book régulièrement en le faisant évoluer au rythme de ses nouvelles inspirations ou compétences est aussi particulièrement utile si l’on veut décrocher des projets qui correspondent à ses envies.
Pourquoi faut-il se démarquer sur les réseaux sociaux ?
Katerina Perez s’est fait un nom dans l’industrie du bijou en devenant l’une des toutes premières blogueuses joaillerie. En 11 ans, elle s’est imposée comme l’une des créatrices de contenus les plus influentes de la plate-forme Instagram. Lorsque l’on est jeune designer, les réseaux sociaux sont un moyen imparable pour gagner en visibilité… « À condition de se démarquer » prévient Katerina Perez, car le nombre de jeunes créateurs sur ces plates-formes augmente à une vitesse exponentielle ! Pour l’experte, « le truc » est de se faire remarquer en mettant en avant sa spécialité. L’utilisation des pierres de couleurs ? Une attirance pour les matériaux particulier ? Une attention particulière portée aux finitions ou aux textures des matières ? Les axes de démarcation sont pluriels, et le défi pour les jeunes créateurs consiste toujours à trouver la manière la plus adéquate d’exprimer son individualité. Parce que proposer du contenu original est primordial, il ne faut pas hésiter à s’aider de tous les outils d’Intelligence Artificielle disponibles.
Dans un deuxième temps, lorsque l’on est parvenu à se constituer une véritable « Fanbase » sur les réseaux sociaux, il faut apprendre à la gérer. « Où puis-je acheter ce bijou ? Quel est le prix de cette bague ? ». Se rendre disponible pour réagir aux commentaires et répondre aux questions les plus triviales est impératif.
Mais le meilleur conseil de Katerina Perez est de ne jamais oublier qu’ouvrir un compte sur une plate-forme c’est un peu comme « organiser une fête ». Les gens viennent découvrir votre profil avec l’espoir d’y passer un bon moment, de s’amuser et de faire connaissance avec vous, alors n’hésitez jamais à leur adresser la parole !
Comment améliorer sa créativité et intégrer les tendances du marché ?
Pour Christopher Lopes, être créatif c’est être différent. Le créateur free-lance n’a pas peur d’avouer qu’il refuse de suivre « tout ce qui se passe » dans l’univers de la joaillerie. Pour lui, c’est le secret pour rester connecté à ses propres inspirations qui sont la nature et les voyages. Regarder de près toutes les créations introduites sur le marché peut-être un piège. Le risque est toujours d’être influencé et de créer quelque chose qui existe déjà. Lorsque l’on est designer, l’enjeux consiste davantage à intégrer rapidement les codes stylistiques des maisons pour lesquelles on travaille, puis d’exprimer ensuite sa créativité.
Le conseil de David Roux-Fouillet est plus radical : « Amusez-vous ! ». Pour le responsable Design Produit, Bijou et Accessoires à la HEAD, dans tous les métiers créatifs il faut savoir innover et se réinventer perpétuellement. Ne jamais s’éloigner de sa passion et entretenir l’idée d’amusement dans la pratique permet d’inventer des produits qui font sens.
Vivre au rythme d’un studio de création ou travailler en Freelance ?
Si pour tout designer l’entrée dans l’industrie de la joaillerie se fait généralement par un stage, c’est simplement parce qu’il n’y a pas meilleure école que le terrain pour apprendre comment commercialiser un bijou. Bénéficier d’une première expérience au sein d’un studio de création est vital avant de créer sa propre marque ou de fonctionner en free-lance. Ce temps d’apprentissage permet de se créer le carnet d’adresses indispensable pour voler de ses propres ailes le moment venu. D’ailleurs, Christopher Lopes reste convaincu que sortir de l’école et se lancer immédiatement en free-lance est « quasiment impossible ». Comprendre toutes les étapes de production d’un bijou – du brief à la commercialisation -, en intégrant les questions de coût de production ou d’approvisionnement des pierres précieuses sont des sujets qu’il faut maîtriser. Pour appréhender la complexité du marché de la joaillerie, il faut également connaître tous les métiers du secteur, et l’entreprise est un formidable accélérateur.
Enzo Melchiorre a fait le choix d’évoluer au sein d’un studio de création. Chez Dolce & Gabbana, il travaille avec une équipe capable de l’assister sur des questions qui peuvent parfois être éloignées de son champs d’action. En revanche, il vit au rythme effréné que la marque lui impose avec la création de 4 collections par an, sans compter les diverses collaborations et les capsules. Être capable de jongler entre 2 rythmes, celui des collections haute-joaillerie et celui de la ligne bijoux, peut-être également utile en fonction de la maison que l’on veut intégrer.