Jean Boghossian

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Jean Boghossian

Jean Boghossian, ce Vulcain post-moderne, est issu d’une dynastie de joailliers. Durant ses années d’apprentissage, Jean a dû s’initier aux traditions de la fonte, de la soudure et du façonnage en divers lieux du Levant : « mes étés étaient pleins de feu ».



Il commença à parcourir le monde à la recherche des pierres précieuses les plus rares. Jean métamorphose la toile, l’argile, le livre, le coquillage en splendeurs imaginales, comme la Terre conduit ses lithomorphoses sous la pression invincible de son feu intérieur.

Cet homme inquiet se risque à une peinture de l’action pure, un art du brûlement, réussissant le miracle de produire, avec cette force si puissante et destructrice qu’est la flamme, des images d’une grande délicatesse. Jean, qui avoue brûler la vie par les deux bouts, nourrit en lui le feu sacré de l’art dans une sorte d’urgence perpétuelle.

Par sa triple origine arménienne, syrienne et libanaise, il est, pour ainsi dire, marqué par le feu : feux de l’histoire entre guerres et génocide, feu mythologique. Jean est empreint de ces strates, si bien que ses œuvres passées au feu apparaissent comme des sacrifices mithriaques : une destruction consentie et porteuse de salut.

Peu d’artistes célèbres sont aussi connus pour leurs écrits sur l’art. Jean fait partie de cette confrérie rare des artistes-écrivains. Ses fragments, instantanés du vécu et de la pensée créatrice, sont comme la gangue d’un très beau livre infini. Jean Boghossian appartient à la lignée bimillénaire des recueils de dits, d’aphorismes et de maximes.

Dans les livres brûlés de Jean, l’écriture se retire du papier comme, disait saint Augustin, « dans la mort le temps se retire du corps ». L’Apocalypse de Jean Boghossian révèle le « Corps Glorieux » de l’Art.

Plus récemment, Jean s’est adonné à la céramique et aux mobiles enchantés, à la manière des Wunderkammern. Ces créations attestent que son art est une cosmogonie : un univers poétique et fervent où la terre, le feu, l’air et l’eau sont réinterprétés, recréés, métamorphosés par un artiste démiurge, tirant son pouvoir miraculeux de sa surabondance intérieure et de sa générosité impatiente.