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Les jeunes et les métiers de la joaillerie : les parcours de formation face aux enjeux du secteur et aux demandes des entreprises

today6 November 2022

Written by: Justine Lamarre

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Entrer dans une mythique maison de la place Vendôme, s’installer en tant que créateur indépendant, ou intégrer le département joaillerie d’une prestigieuse maison de ventes aux enchères… Pour tous les étudiants qui entament aujourd’hui un cycle de formation dans l’univers de la joaillerie, les possibilités de carrière sont multiples.

Se former aux métiers de la joaillerie

Négociateur de pierres, sertisseur, designer, directeur artistique, responsable de la stratégie digitale… Faisant appel à une multitude de savoir-faire et de compétences, l’univers de la joaillerie et de la haute joaillerie rassemble des professionnels aux profils variés.

Que l’on soit attiré par l’aspect création, commercialisation ou valorisation du bijou, plusieurs cursus permettent de découvrir, de tester et de se confronter au milieu professionnel.

Pour s’initier aux techniques joaillières et acquérir un socle de connaissances, un apprentissage de 3 ou 4 ans, équivalent à un Certificat Fédéral de Capacité (CFC) ou à un brevet professionnel, suffit. Alternant enseignement académique et période d’immersion en entreprise, ce premier cycle permet de s’essayer rapidement aux techniques joaillières, et d’expérimenter par exemple l’art du sertissage ou le travail des métaux précieux.

Parmi les écoles les plus réputées, l’ASMEBI (Association des Métiers de la Bijouterie de la Romandie) est une institution incontournable. Comptant 3 écoles spécialisées à Genève, dans La Vallée de Joux et à La Chaux-de-Fonds, l’ASMEBI propose une formation axée sur la technique tout en donnant une ouverture sur les métiers de la création.

À l’issue de ce premier cycle d’apprentissage, le niveau de compétence acquis permet d’être directement employable par une manufacture, un atelier ou une marque. 

En fonction de son projet, de ses envies et de ses aptitudes, il est aussi possible de se spécialiser et de s’engager dans un cycle de formation plus long. Plusieurs écoles supérieures accueillent les étudiants qui ont déjà acquis de solides bases et veulent s’orienter davantage vers le design ou la création artistique. L’enseignement, assuré par des professionnels renommés et dispensé sous forme d’ateliers, permet de développer son propre langage créatif, d’apprendre à travailler à partir d’un brief, ou encore de conceptualiser un bijou en adéquation avec l’ADN d’une marque.

Et puisque créer implique forcément de savoir valoriser ses créations via une stratégie de communication, de marketing ou de merchandising, apprendre à s’entourer de talents complémentaires et à constituer son équipe de création est l’un des axes majeurs de l’enseignement.

De nombreuses formations sont accessibles en Suisse et à l’étranger. Parmi les plus prestigieuses, la Haute École d’Art et de Design de Genève (HEAD), Central Saint Martins College of Art and Design située à Londres et L’École du Louvre à Paris sont particulièrement réputées pour la qualité de leur enseignement.

De nouveaux enjeux pour le secteur de la joaillerie

Si de grands changements ont marqué le secteur de la joaillerie ces dernières années, l’un des plus marquants est certainement la montée en puissance des grandes marques de luxe. Les créateurs indépendants sont désormais minoritaires sur le marché.

Une nouvelle conscience éthique, encourageant les pratiques plus respectueuses de l’homme et de l’environnement, a également fait son apparition. De nouvelles initiatives, comme le programme « Mine to Market » qui vise à privilégier les circuits courts, se multiplient et l’exploitation des mines, les conditions de travail du personnel ou les techniques d’extraction font aujourd’hui l’objet d’une surveillance particulière.

Le récent conflit entre la Russie et l’Ukraine a également démontré que les questions de géopolitique peuvent provoquer la rupture de certaines chaines d’approvisionnement. Ainsi, plusieurs grandes marques de luxe ont annoncé en 2022 cesser les importions de diamants et d’or en provenance de Russie (plus gros producteur mondial).

Pour accompagner ce mouvement, de plus en plus d’organisations à but non lucratif, comme le Responsible Jewellery Council (RJC), s’engagent dans l’industrie de la joaillerie.

Digital et nouvelles technologies

Depuis la pandémie de Covid-19, le digital et les nouvelles technologies se sont affirmés comme l’une des clefs de croissance du marché de la joaillerie. Outils essentiels de référencement, ils font évoluer certains métiers et en émerger de nouveaux. .

Permettant aux designers de gagner en efficacité, la 3D est un outil de conception révolutionnaire pour tout créateur. Facilitant la conceptualisation, grâce à la modélisation des volumes, la 3D permet aussi d’estimer le coût de production d’un bijou avec une précision jusqu’alors inégalée. Optimisant la rentabilité des produits, la maîtrise de cette technologie de pointe sera probablement exigée à l’avenir.

Les environnements virtuels, et leur fort potentiel créatif, sont également une nouvelle composante du marché. Permettant aux marques de séduire une nouvelle clientèle connectée, joaillerie et nouvelles technologies sont désormais indissociables.

Les talents de demain

Parce que l’une des grandes tendances actuelles est la création de pièces uniques ou de collections « exclusives », les profils « experts », bénéficiant d’une solide formation en joaillerie et d’une expertise pointue sont privilégiés. Se spécialiser ou s’engager dans une formation complémentaire peut donc être un réel atout.

Parmi les grands noms de la joaillerie, si certaines marques historiques revendiquent une place de premier choix sur le marché et bénéficient d’un savoir-faire reconnu, il n’est pas rare de voir des marques de mode, de maroquinerie ou de haute couture s’introduire dans le secteur et lancer leur propre collection de joaillerie. 

Cette mixité se retrouve également dans les équipes créatives. Composées de talents venant de différents horizons, elles collaborent désormais directement avec les équipes de production, du marketing ou des ventes. Cette approche transversale oblige aujourd’hui tous les professionnels du luxe à savoir être à l’écoute pour dialoguer entre eux.

Enfin, parce que toute spécialité artistique exige un solide bagage culturel, connaître l’histoire de la joaillerie, les différents styles, mais aussi les références, les joailliers et les modèles incontournables est indispensable. 

Face à un niveau d’exigence nettement plus élevé, un diplôme de gemmologie devient également de plus en plus utile, voire indispensable.

Pour conclure

Chaque parcours de formation est avant tout un cheminement personnel qui doit permettre de découvrir un ou plusieurs métiers, de l’expérimenter, mais aussi de s’interroger « ce métier est-il fait pour moi ? »

L’Agilité semble être aujourd’hui le nouveau pré-requis pour entamer une carrière dans les métiers de la joaillerie. L’écoute et la capacité à collaborer avec des cultures, des personnalités et des caractères différents semble être un impératif en devenir.

Enfin, allier techniques traditionnelles et nouvelles technologies, de manière à conjuguer ce qui se faisait de mieux dans le passé avec ce qui se fera de nouveau dans le futur, semble être l’un des plus beaux défis que devront relever demain tous les métiers de la joaillerie.

Avec :

Donatella Zappieri (Consultant Industrie du Luxe et de la Joaillerie)

Elizabeth Fischer (Professeure HES associée, Design bijou et accessoires, Design mode)

Emmanuelle Garcia-Gavillet (Vice-Présidente ASMEBI)

Catherine de Vincenti (Journaliste et consultant)

Allen Adler (CEO Adler Joaillerie)

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